DEPART D’AVORD 1987

 

 

AVORD Escadron 2/93 « Sologne », fin 1986 : je suis en poste de Chef de Piste depuis 6 ans et 4 mois.

Période inoubliable dans un « petit » escadron à l’ambiance très familiale ponctuée par de nombreuses animations.

En cette période, hors du cadre des mutations dites normales, on m’offre l’opportunité de rejoindre ISTRES comme chef de piste à l’escadron 1/93 « Aunis ».

Malheureusement les transactions ne se déroulent pas comme prévu et je me retrouve nommé « Chef d’atelier cellule-hydraulique » au GERMAS 15.093 !

Ceci dit en passant, cela motivera à court terme mon départ vers la vie civile. Quand on est « pistard » dans l’âme, on ne se refait pas !

Je rejoins donc ISTRES en février 1987.

 

Mon départ d’AVORD fut empreint d’une grande nostalgie aussi bien pour moi que pour toute ma famille. La rupture des liens tissés pendant 6 ans avec tout le personnel de l’escadron, mais aussi avec bon nombre d’Avarais, fut très dure surtout pour les enfants.

 

Avant de partir il me restait un gros problème à résoudre.

Je possédais à cette époque une CITROEN AMI 6 Break qui me servait en seconde main aux ballades dans la région et aussi pour me rendre au travail.

 

 

     L’OBJET du DELIT

 

Compte-tenu de son âge mémorable et de certaines « non-conformités », j’étais quasiment certain qu’elle ne supporterait pas les 600 kms du trajet vers ISTRES.

En ayant parlé à tous les collègues et amis, il me vint à l’idée d’en parler à mon Commandant d’escadron de l’époque. Je savais par ouï-dire que la « chose » avait déjà été réalisée.

Ainsi naquit le projet fou de transporter ma voiture par C135 d’AVORD à l’escale d’ISTRES sans ébruiter l’affaire en quelque lieu que ce soit.

 

Une dizaine de jours plus tard, alors que j’avais pris mes fonctions au GERMAS 15093 et que la petite famille vivait encore au milieu des cartons dans un appartement de La Bayanne, un « incident » survint.

J’étais dans le sas d’entrée du GERMAS lorsque se présente devant le portail le commandant d’unité au volant de sa voiture de fonction. M’apercevant, il surgit du véhicule et m’apostrophe vertement : « BEZIAT, dans mon bureau immédiatement ! ».

Surpris et intrigué, je me précipite vers son bureau.

Sitôt bâclées les présentations règlementaires, la question redoutée tombe : « La voiture débarquée cette nuit à l’Escale Aérienne vous appartient-elle ? »

Devant une évidence que je ne peux nier, j’acquiesce tout penaud.

Le commandant continue : « Quand vous saurez de quoi il retourne, je pense que vous allez en subir les retombées ! ».

 

 

 

Récit de la nuit précédente basé sur les faits relatés:

 

Le commandant d’escadron d’AVORD a programmé sur le cahier d’ordres une mission « Yankee » avec décollage de nuit et posé à ISTRES pour un passage à l’escale !!!

Mes anciens compagnons de piste mis dans la confidence on chargé mon Ami 6 dans le cargo, l’ont sanglée dans les règles de l’art, et, pour parfaire la chose, l’ont généreusement enrubannée de papier toilette pour qu’elle soit plus présentable !!

Après quoi, ce cher C135F décolle sans anicroche emportant dans ses flancs la seule automobile type Ami 6 ayant parcouru en marche arrière et à 3000 pieds, la distance AVORD-ISTRES en un temps record !!!

Mais les plans les mieux préparés ont toujours une faille.

Alors que le C135F vole dans une nuit calme et sereine, retentit soudain dans les écouteurs de l’équipage, la voix péremptoire des OPS de TAVERNY : « Détournement obligatoire sur Mont de Marsan pour récupérer le Commissaire Général de l’Armée de l’Air, en transit pour ISTRES. Il montera à bord sur le parking de l’escadron « Landes », sans coupure des moteurs. »

 

Vent de panique à bord !!!!!

L’ORV ferme la porte de communication cabine-cargo et l’équipage décide de faire voyager le commissaire en place ORV, tandis que ce dernier terminera en « Jumpseat ».

 

Atterrissage à Mont de Marsan, arrêt sur le parking de l’escadron, ouverture de la porte équipage, descente de l’échelle d’accès……et le commissaire Général monte à bord !

Il s’avère alors qu’il inaugure son premier vol sur C135F, et il demande, dès que le palier est atteint, une courte visite de l’aéronef !

L’équipage s’exécute et je ne peux pas dire ici quelles furent les questions et les explications qui suivirent la découverte du « chargement ».

 

Au sortir du bureau du commandant du GERMAS, je me précipite à mon bureau afin d’appeler en urgence le commandant d’escadron d’AVORD pour connaître les suites de l’aventure et les conséquences qui vont en découler.

Ce dernier me répond en riant : « Ne vous tracassez pas, l’affaire est réglée, il n’y aura aucune conséquence. Tout est bien qui finit bien ! ».

 

Je n’ai plus jamais entendu parler de cette anecdote et encore aujourd’hui je suis incapable de dire quelles furent les suites et les retombées de cette épopée.

 

28 ans ont passé et je repense souvent à cette histoire rocambolesque avec un petit pincement au cœur et une énorme « reconnaissance » envers mon commandant d’escadron « Sologne ».

Coup du destin, j’ai eu l’énorme plaisir de le rencontrer, il y a quelques années, dans le hall de l’aéroport Marseille-Provence. Il descendait de son avion civil dont il était commandant de bord, j’accompagnais ma fille ainée pour un départ en vacances.

La rencontre fut chaleureuse, mais nous avons évité, d’un accord tacite je pense, de ne pas évoquer le passé !!!!!!!

 

PS : J’ai récupéré mon véhicule sous le regard amusé des gens de l’escale Il a continué sa vie sous le ciel du midi pendant de nombreuses années, avant d’être revendu. Je n’en ai plus de nouvelles !

 

Gilbert BEZIAT