Explosion réacteur

Par Christian Chassagne

Cela s’est passé quand ? Je ne saurais plus le dire, c’est entre 1973 et 1976 à Avord.
Ce matin là, j’étais chef d’équipe de jour et nous préparions le premier décollage de la journée.
Nous avions préparé l’avion, et l’équipage arrive.
A bord, (sur la cuisinière) signature de la forme 11..Avion OK…
Fermeture des portes cargo et crew entry door, je suis au casque pour la mise en route.
Comme c’est le premier vol du matin, nous effectuons la « check » complète avec l’équipage, puis, la mise en route des GTR…
Le commandant de bord :
-Prêt pour le 4 ? mise en route à cartouche !
Moi…
-Ok, prêt… Rotation…
CDT de bord
-Pétrole…
Booooommmmmm….
Moi….
-Explosion GTR, coupez !

L’équipage coupe le GTR, les circuits électriques de l’avion, descend par la « crew entry door » et vient voir…
Je n’ai rien vu si ce n’est une grosse fumée noire (la cartouche de mise en route) puis, une seconde ou deux ensuite, les capots du 4 « en choux fleur »
La moitié, des capots GTR étaient éparpillés sur le parking suite à l’explosion, ces capots sont en alliage de magnésium.

Maintenant, pourquoi ce truc a t’il explosé ???
Réponse, simple, erreur de la mécanique ! (eh oui, on n’est malheureusement pas infaillible…)

La veille, l’avion avait fait l’objet d’une visite 50H, dans laquelle, tous les capots moteurs entre autres sont déposés pour vérification des GTR, ainsi que beaucoup d’autres éléments…La visite rend l’avion indisponible pour une journée et une partie de la nuit.
Le lendemain matin, cet avion doit faire le premier vol, et la mise en route se fait avec une cartouche sur le GTR 4, qui une fois démarré, sera poussée pour le mise en route des autres GTR.
Mais, sur le capot du 4, existe une ouverture pour laisser échapper les gaz de la cartouche, et …….
Le capot du GTR 4, suite à la « check 50h » avait été remonté sur le GTR 3…..
Donc, les gaz de cette cartouche ne pouvant s’échapper par leur orifice prévu, s’étaient dissipés dans les capots GTR et vu la pression, ceux-ci avaient explosé !
Que dire de plus, car, personnellement, je n’ai rien vu, sinon, entendu ce gros boum !
Mes camarades m’ont dit qu’un morceau de capot d’environ 50*50cm m’était passé à environ 10cm de ma tête, ce qui aurait pu me décapiter.
La suite…..
Lorsque je suis revenu du mess l’après midi, l’ADC Lethuillier qui était notre chef des servitudes, m’avait confectionné une armure métallique (genre gilet pare balle) ainsi qu’un casque « Astérix »pour me protéger lors des prochaines mises en route…