Dakar, 17 Juillet 1979, Mission Lamentin
En cet après-midi de juillet, nous atterrissons à Dakar Yoff après un vol de 5h20, en convoyage
Jaguars,
et la mission commence
pour une vingtaine de jours.
Il fait très bon, disons
un peu chaud, nous relevons un C 135F de Istres.
Nous parquons l’avion
sur la vieille piste puisque les vols de la journée sont terminées,
et nous nous passons
les consignes, d’un coté pour l’équipage du L/cl Brulé, et de l’autre pour
nous, les mécanos.
L’équipage part
prendre son cantonnement sur la base, nous les rejoindrons plus tard après
avoir fini la remise en œuvre de l’avion :
post-flight, plein
carburant, caches entrée d’air…et effectué le départ de l’avion qui rentrait en
France.
Nous débarquons nos
valises, fermons l’avion qui est sous la garde des commandos de l’air
et nous nous dirigeons
sur la base vie de Ouakam pour prendre nos cantonnements.
Arrivés au poste de
police, comme d’habitude, inscription du personnel de releve pour leur registre
et…
là, une question du
Maréchal des logis chef qui commande la gendarmerie au vu de notre véhicule
qui est un Dodge 6*6
datant de la fin de la deuxième guerre, mais qui roule encore… eh oui !
L’Armée de l’Air se
débrouille toujours, avec la… et le couteau, c’est bien connu !
Donc, notre brave
gendarme me demande si j’ai le permis poids-lourd comme je conduisais
ce véhicule en arrivant sur la base.
- Non, j’ai le VL, c’est tout.
- Ah bon ! Dans ce cas, vous ne pouvez pas conduire ce véhicule, il faut
le poids lourd !
- Ecoutez gendarme, je veux bien, mais, nous sommes en alerte H24 pour la
mission Lamentin,
et c’est le véhicule que l’on m’a donné à mon arrivée sur l’aéroport…
- Je suis désolé, mais, vous n’avez pas le droit de conduire ce 6*6,
il faut le permis poids lourd ! (C.. têtu et borné, c’est un gendarme !)
Je me retourne vers
mes mécanos et demande si l’un d’eux avait ce fameux permis.
Réponse :
personne !
Le brave pandore
imperturbable me signifie alors que le véhicule est bloqué par ses services.
Donc, nous partons à
pied prendre nos cantonnements et je vais rendre compte au L/cl Brulé.
- Mon colonel, nous n’avons plus de véhicule pour la mécanique.
- Que s’est il passé, tu as eu un accident ? Il est en
panne ?...
- Non mon colonel, comme personne dans mon équipe de mécanos n’a le permis
poids-lourd,
les gendarmes nous l’ont bloqué au poste de police.
- Bon, on verra ça ; demain matin pour le vol, tu prendras la Jeep
que nous avons avec tes mécanos pour préparer l’avion,
tu reviens nous chercher pour le décollage, je vois pour le reste…
- Merci mon Colonel.
- Ah, n’oubliez pas le pot d’arrivée et le repas ce soir.
Le lendemain matin,
nous partons préparer l’avion, avec la jeep (de la même époque que le 6*6) et,
je retourne chercher l’équipage sur la base.
Là, le colonel me
donne une somme d’argent et me dit :
- Tu vas au Duty-free de l’aéroport prendre une
caisse de bon whiskie, et après le départ de l’avion,
tu prend les permis de ton équipe et tu vas voir l’adjudant qui est chef
du garage. Tu lui donnes la caisse et les permis, il sait
ce qu’il doit faire.
- Bien mon colonel, merci.
L’avion décolle et
nous revoilà reparti vers la base en laissant deux mécanos sur la piste en cas
de problèmes.
Arrivés au garage de
la base, je rencontre donc cet adjudant, chef du garage et lui offre la caisse
de whiskie de la part du L/cl Brulé.
- Merci, c’est gentil, tu as les permis de tes mecs ? (Il est au courant et me tutoie, nous avons le
même grade)
- Oui, bien sur, les voilà…
- Donne…
Il prend sont tampon et
commence a tamponner les permis de conduire de l’équipe.
- Bon, voilà, vous avez tous le poids lourd! Tu veux le super-lourd ?
- Comme tu veux…
Boum, un coup de
tampon de plus et mon permis est validé de ça en plus.
- Maintenant, tu retournes voir les gendarmes, tu dis que tu as fait deux
heures de conduite et que j’ai validé tes permis,
ils ne peuvent pas contredire. Tu ne parles pas des autres…
- Merci, c’est super sympa !
- Bon, il faut s’entre-aider, si parfois, de temps en temps, vous avez des
« choses intéressantes »qui trainent, pensez à nous…
- Pas de problème, merci beaucoup.
Je retourne voir nos
braves pandores au poste de police de la base, et demande à récupérer mon 6*6
en leur présentant mon permis…
Un peu étonnés quand
même, ils m’ont laissé repartir avec le Dodge sans autre discussion.