Précurseur de la
DENGUE
Du 26 juin 1971 au 11 juillet 1971, j’ai effectué la classique mission aérienne en Polynésie
française.
Après une mise en place à HAO, dans la nuit du 4 au 5 juillet
1971, je me suis réveillé avec une forte fièvre
sans raison apparente, et totalement H.S..
J’ai été conduit dans la salle dite ‘’ salle des accouchements
‘’.
Mon camarade SIFFRE, également malade était moins touché.
De retour sur la Base de
Tahiti FAAA , marchant de conserve, nous butâmes sur une magnifique gourmette,
appartenant au Médecin Major du lieu.
Voilà comment nous obtînmes une consultation médicale que
personne ne voulait nous accorder auparavant, et le diagnostic d’une " DENGUE » me rendant inapte à
toute mission.
La ‘’ DENGUE ‘’, encore appelé ‘’ Petit Palu ‘’ est due à un arbovirus, virus transmis par des
insectes pendant la journée, en principe. ( le moustique ‘’ Tigre‘’, à la
silhouette noire à rayures blanches. )
Dans mon cas, je ne me rappelle pas avoir aperçu cette bestiole,
mais plutôt avoir eu la visite d’un moustique microscopique que les Tahitiens appellent ‘’ nonos ‘’
Nos remplacements, avec
SIFFRE, ne retinrent pas l’attention des décideurs.
Pour notre retour à ISTRES, VIRILLI dût travailler 20 heures sur les 24 h.de
vol : Jean-Marie,
encore Merci.
A l’ Escadron (
nous sommes en 1971 ) nul ne savait
en quoi consistait la DENGUE, prononcée
‘’ dingue ‘’
donc, en quelque sorte ‘’ fou ‘’
Mon épouse fut prévenue qu’un Comité d’accueil spécial,
comprenant un médecin serait mis en place pour réceptionner joyeusement ces ‘’
dingués ‘’.
Nous arrivâmes de nuit en une atmosphère festive. Dès que le toubib me vit, il dit
immédiatement ;
‘’ Stop, arrêtez tout,
celui-ci est réellement malade’’
Je fus conduit à l’ Infirmerie, ce que SIFFRE refusa.
Le lendemain matin, la première personne que je vis, fut le
Commandant d’ Escadron, venu s’enquérir de mon état de santé, et me présenter
ses excuses.
L’ Infirmerie n’étant pas compétente en maladies tropicales, je
fus conduit à l’ Hôpital LAVERAN , au Service des Contagieux, seul dans une
grande salle !!! Je me souviens
encore de la serveuse, déposant le plus loin possible mon plateau-repas,
apeurée, heureuse et rassurée de
constater que je n’étais paf fou, pas dingue.
Trois colosses en blouse blanche, arrivèrent pour une ponction
lombaire, munis d’une seringue que l’on rencontre plutôt sur les étals de vétérinaires.
Fort d’un précédent qui s’était mal passé, je refusai et
précisai même que toute approche avec cette seringue, me ferait entrer dans un
état incontrôlable aux risques et périls de l’ Inconscient qui oserait
transgresser ma mise en garde.
L’information dût remonter dans la hiérarchie, car, quelques
minutes plus tard, ce fut le Colonel, Chef de LAVERAN, qui se présenta pour
essayer de me convaincre. Sans succès.
Les Carabins héritèrent
d’une thèse auprès du premier ‘’ Dengué ‘ de l’
hôpital.
Dengue classique, peut-être , mais aux effets invalidants identiques à ceux
des fièvres jaunes ou rouges que connaissent bien les médecins militaires,
férus de médecine tropicale : ils devinrent vite mes amis devant ma
complaisance à collaborer.
Je compris que l’immunité acquise en réponse à l’infection,
confère une immunité protectrice contre le « sérotype » infectieux, mais pas contre les autres. ( comme il y a 40 sortes de DENGUES, j’ai
encore pas mal de chance auprès des 39 autres ) Je compris également qu’il n’existe encore
aujourd’hui, ni traitement curatif spécifique, ni vaccin pour combattre cette
maladie.
Replacez les faits 43 ans en arrière……
Ma période de rémission observée, les symptômes
s’intensifièrent, et, de retour à la maison, la guérison s’accompagna d’une
convalescence d’une quinzaine de jours.
D’après la femme de ménage du faré, j’étais
‘’ fiou
‘’. Et chez moi, à Eyguières, je voyais
des points blancs partout.
Quelques années passèrent avant que mon fils Dominique, qui fit
son C.I. à ISTRES, fut présenté au
drapeau, en présence du Lt Colonel BRUNET, Commandant
en second de la Base, et également mon ancien Commandant d’ Escadron.
Dans la foulée, muté à FAAA, il croisa le chemin d’un arrière-
arrière-petit cousin du ‘’ Nonos ‘’ qui m’infecta à HAO, qui se rappela à notre
bon souvenir en lui inoculant, à son tour, ce flavirus
non transmissible directement à personne.
43 ans plus tard, j’ai
compris pourquoi une salle de l’ Infirmerie de HAO était nommée ‘’ Salle des
accouchements’’, aucune femme militaire n’ayant jamais accouché en ce lieu.
En 2013, prenant une excellent repas en la salle ‘’ Elite’’ du
Cercle National des Armées à PARIS, au cours d’une conversation impromptue avec
le Chef de Rang du Service en salle, ce dernier me raconta qu’il avait fait son
service militaire dans l’ A.A. à HAO , et qu’il y était présent en juillet
1971.
Camarade du Médecin militaire local, également du Contingent,
ils virent débarquer un beau jour un autochtone, amenant à l’ Infirmerie son
épouse enceinte jusqu’aux yeux, qu’il avait chargée à l’arrière de son
pick-up. Ce carabin débutant n’avait
jamais pratiqué un accouchement.
Devant l’adversité, autant que l’urgence, il fit appel à son
camarade et mirent à mal une bouteille de cognac, censée leur apporter le
courage nécessaire à la réussite de cette mise au monde.
Parmi les îles, le tam-tam se fit l’écho de ce succès , tant et
si bien, que les parturientes affluèrent en nombre dans la salle en question,
devenue pour toujours ‘’ SALLE DES
ACCOUCHEMENTS ‘’
André BOUCHER